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Compte-rendu de la projection du film « La journée de la jupe »

mercredi 1er juillet 2009

La projection du film « La journée de la jupe » au palais des congrès d’Arcachon a été suivie d’un débat proposé et animé par L’association « Femmes Solidaires »
De La Teste De Buch

Lundi 29 juin 2009

L’assistance

Le thème
Une prof de français confrontée aux turbulences des montées d’hormones des ados d’une France métissée qui s’ignore, renverse la violence dont elle est l’objet. Elle la retourne contre ceux qui en font leur moyen d’expression quotidien, en s’emparant d’un revolver tombé du sac d’un élève.
C’est alors qu’elle oppose aux préjugés qui soudent cette fratrie désespérée, les valeurs pour lesquelles elle se bat en sa qualité d’enseignante. Elle fait passer en force les messages de l’école républicaine : la laïcité, l’égalité entre les sexes, l’accès pour tous à la connaissance, les fondements de la culture française.
Autour de ce drame qui se joue à huis-clos en dépit des échanges téléphoniques avec le monde extérieur, nous voyons graviter les figures symboliques du Directeur de collège, des autres professeurs, de la police, de la ministre, des parents, plus soucieux de se protéger que de comprendre et intervenir efficacement pour éviter le pire. Un film qui pose un regard sans complaisance sur notre société, mais qui instille ça et là des touches d’espoir.

Impressions générales
Dans l’ensemble beaucoup d’émotion et des échanges de qualité. Ce film est porté par Isabelle Adjani et les autres acteurs, avec brio et courage. Il pose à travers un condensé dramaturgique exacerbé, les questions que la société française occulte ou met en scène médiatiquement sans jamais y apporter des réponses de fond depuis plusieurs décennies.

Réactions du public
Animatrices du débat : Françoise Coineau et Jacqueline Colin

Différents intervenants :
 Je comprends mieux les réactions embarrassées de bon nombre de personnes, car ce film dérange beaucoup de monde. Il nous interroge, nous interpelle au plus haut point. En ma qualité d’enseignant qui a exercé dans cette périphérie parisienne, je puis vous dire que ce film est le reflet de la réalité, celle que certains ne veulent pas voir.
 Au-delà de cette violence scolaire sont posées les relations entre les garçons et les filles. Certes moins aigües sur le Bassin mais qui existent sous formes de malaises plus diffus dus au développement morphologique. Ce que j’ai aimé c’est le rappel insistant du principe fondamental de la laïcité, auquel est rattachée la notion d’école publique gratuite et obligatoire.
 Je ne pense pas que, comme certains ont pu le dire, ce film soit un fourre-tout. Il relate des situations chaotiques qui sont dictées par l’irrationnel des comportements et à ce titre c’est ce foisonnement qui est montré. Jusque dans la façon de filmer très saccadée, très contrastée. Ce parti-pris participe au contraire de la puissance expressive du film.
 Ce film magistral pose la question de la violence banalisée dans nos sociétés. Comment répondre à cette violence autrement que par la violence ? Comment pouvoir à nouveau enseigner normalement dans ce contexte ? Je crois que l’école est confrontée à des réalités sociales qui dépassent les enseignants qui sont souvent livrés à eux-mêmes pour y faire face.
 Isabelle Adjani répond dans une interview qu’il faut rendre les choses visibles, sans stigmatiser quiconque. Toutefois il ne faut pas laisser entrer dans la classe l’alibi sociologique, c’est-à-dire les problèmes sociétaux (chômage, inégalités et le racisme) car les enseignants deviennent dès lors assistantes sociales, psys, secouristes, urgentistes. Tout sauf enseignants !
 Une intervenante tient à préciser que la violence existe aussi sur notre territoire, mais elle est plus feutrée, donc moins visible. De surcroît, le réflexe de rejeter la faute sur l’autre n’est pas une voie qui responsabilise, entre bouc émissaire et victime, le dévoiement est constant.
 Les questions d’intégration, de faillite sociale, d’identification à notre culture sont posées. Pour autant nous sommes invités à réfléchir sur la parfaite intégration de cette prof qui se ressent avant tout comme prof de français dans un collège laïque, face à des élèves qui en sont aux antipodes.
 Si on regarde les ados dans leur globalité, il y a quand même des raisons d’espérer, car ils sont moins racistes mais peut-être pas moins sexistes que leurs aînés, Ils ont appris à se connaître, à s’accepter parce qu’ils sont habitués à travailler ensemble, grâce à l’école mixte. On peut être optimiste sans être béat et rester vigilant, en sachant que la vie démocratique évolue à travers la confrontation permanente. A nous d’en faire prévaloir l’essentiel.
 Deux adolescentes témoignent de ce qu’elles vivent dans leur contexte respectif. L’une connaît à un moindre degré les conditions décrites dans le film, l’autre trouve ses relations avec ses camarades de classe assez pacifiées.

Beaucoup de spectateurs ne se sont pas exprimés, tant ils étaient encore sous le choc des émotions suscitées par ce film. C’est vrai qu’il est très difficile d’en parler juste après la projection…
Mais sans doute les discussions iront-elles bon train après la digestion de tous ces coups de poings assénés, tant par les sujets traités que par les interprétations magistrales des acteurs.

Merci aux 102 personnes présentes malgré la date (29 juin), l’horaire
(20 h) et la chaleur écrasante de ce début d’été (35°) et la plage à nos pieds !

Merci à Arcachon–Culture d’avoir programmé un tel film, alors que les grands distributeurs ont préféré le boycotter pour avoir été dès sa sortie projeté sur les écrans de télé par la chaîne Arte.

Une « première » réussie qui nous incite à continuer dans cette voie pour établir le dialogue autour des valeurs que notre association défend.

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