Accueil > Evénements > Actions d’information > La domination masculine, de Patric Jean
La domination masculine, de Patric Jean
mercredi 14 avril 2010
Ce documentaire porte son regard sur les relations homme/femme en Belgique au Québec et en france.
Il est structuré selon plusieurs séquences. Tout d’abord, nous sommes plongés dans l’univers de la névrose quasi obsessionnelle du mâle pour la longueur de son pénis. Un cm suffit à le faire passer de la fragilité à la sensation de puissance. Ce leitmotiv ponctue tout le film par des rappels d’images qui glorifient le culte phallique.
Ensuite nous sommes en présence d’un vendeur de jouets qui explique avec malice ou désinvolture la connotation très sexuée du moindre jeu innocent. Le sexisme est ici ludique : les jeux, les livres, les moindres distractions sont formatés comme des jeux de rôles. Si tu es fille, tu es princesse par vocation et si tu es garçon tu es créatif et associes plusieurs jeux virils selon ton inspiration.
Quant aux représentations dans les livres scolaires, ça évolue lentement. Maman est toujours en tête pour assumer les tâches quotidiennes et papa pour se la couler douce parce qu’il rapporte de l’argent. Et ce n’est pas que dans les livres, c’est déjà dans les têtes des chérubins.
Pour poursuivre ce crescendo des hostilités, la réunion des féministes québécoises n’est pas plus rassurante. Celles qui militent depuis 30 ans insistent sur la régression des avancées antérieures.
Insidieusement, pernicieusement les gains du passé sont en recul, parce que les opposants à la liberté des femmes sont de plus en plus virulents. Ils disposent d’une panoplie très larges d’arguties qui en situation de crise font mouche. L’illusion pour certaines femmes d’en être préservées est un autre écueil à une nouvelle mobilisation.
Comble de perplexité, une séance de Speed dating (vous avez 7mn pour séduire votre partenaire) nous montre les participantes sous un mauvais jour. Elles enfilent des clichés sur la domination intellectuelle masculine tolérée, sinon acceptée. Ce qui suscite une interrogation quant à la représentativité de cet échantillon en quête de rencontres et plus si affinités. On dirait que pour plaire, les femmes s’emploient à simuler ce qu’on leur reproche. Éducation quand tu nous tiens !Les préjugés sont toujours aussi tenaces et le combat des féministes toujours d’actualité.
Ce qui fût le plus éprouvant, c’est la terrible confession des femmes qui prennent sur leur dignité pour subir les vexations, les humiliations de leur conjoint, par souci de respecter leurs engagements à l’égard des enfants. De violences verbales en brutalités physiques elles endurent toutes ces avanies, jusqu’à ce qu’elles soient en danger de mort.
La densité de la carte des centres d’hébergement pour femmes battues en dit long sur l’ampleur du phénomène au Québec.
Le final laisse un goût amer d’inhumanité où l’on voit une dizaine de mâles affligés et ulcérés par ce qu’ils prétendent être le règne des femmes et des féministes dans la société. Ils voient dans ce fantasme la cause de tous nos maux. Ils veulent prendre leur revanche pour se réapproprier le pouvoir perdu.
Ce qui montre à quel point ce déséquilibre est profond et loin d’être annihilé. Cette obsession débouche parfois sur un passage à l’acte sanglant, puisqu’un jeune Canadien a tué 14 jeunes femmes dans une école d’ingénieurs des mines , pour les punir de leur prétendu féminisme ,puisqu’elles volaient la place des hommes !!!
Pour ne pas terminer sur cette note désespérante, j’ai retenu la déclaration d’un ancien mari violent qui s’est fait soigner et propose maintenant d’aider les associations féministes et ses congénères à extirper ce mal de notre société.
Restons plutôt sur cette touche d’optimisme.